Les cinq sœurs (page en construction)

Fin XIXe
5 filles, 5 sœurs.
Elles étaient pauvres, elles ont été toutes les 5 placées comme fille de ferme. Puis certaines sont « montées » à Paris comme bonnes. Certaines ont fait de « beaux » mariages avec des « garçons de bonne famille ».

Ces cinq femmes sont mes grands-tantes, les sœurs de mon grand-père maternel. De ces femmes, j’ai juste cinq photos et quelques anecdotes racontées par ma mère. La légende se mêle à la vérité, à leur vérité.

De par leur travail à la ferme, de domestiques elles incarnent une partie des femmes du monde entier, hors du temps. A travers elles, je veux rendre hommage à ces personnes mises « au service de ».

Elles s’appelaient Françoise, Jeanne, Julie, Romaine, Anna.

Elles me semblent être emblématiques de la place des femmes de la fin du XIXe début XXe et de la volonté de certaines de ne plus subir une vie de « souillon » comme on nommait autrefois les filles de ferme. Parfois, les paysans qui les employaient n’étaient pas riches mais avaient besoin de « bras » pour aider aux tâches ménagères mais également au travail de la ferme. Elles étaient mal logées, certaines dormaient à même le sol dans les cuisines ou dans l’étable, reléguées à une vie de service. J’imagine mes grands-tantes et toutes les femmes assujetties à des tâches domestiques difficiles, à genoux, frottant avec la serpillière.

Les objets à travers leur mémoire, leur valeur symbolique et d’usage,  sont porteurs d’histoires. La serpillière, outil d’un labeur difficile quotidien, m’est alors apparue évidente comme support de réflexion. Elle est souvent foulée au pied, laissée dans un coin en boule, malmenée. Les filles de ferme, comme la serpillière, foulées au pied, abusées, peu considérées.

Ces femmes avaient peu de biens et encore moins de linge de maison. De cette serpillière, je leur en ai fait.