Voici l’histoire de mon oncle Henri, un héros anonyme de la guerre, comme il y en eut tant.
Né le 27 avril 1896 à Mâcon (Saône et Loire) – Décédé à Montceau-les-Mines (Saône et Loire) en Août 1944.
Il grandit à Montceau, où la famille habite au-dessus de la cordonnerie de son Papa. La boutique d’à côté est une boucherie. Le boucher a une écurie avec des chevaux pour tracter sa voiture de livraison. Henri, fasciné par les chevaux, passe tout son temps libre dans l’écurie pour s’occuper d’eux.
Ayant un don particulier avec les chevaux, au début de la guerre de 14, il sera affecté d’abord dans l’artillerie ou il convoiera les chevaux sauvages qui arrivent des Etats-Unis, de La Rochelle à Dijon. Bon cavalier, il contribue au dressage.
Affecté ensuite aux transmissions, il est décoré de la Croix de Guerre avec palmes, avec une citation pour avoir réparé une ligne téléphonique sous le feu de l’ennemi. De retour de la guerre, gazé, il travaille à la Mairie où il s’occupera des chevaux de la commune et des pompiers.
Son histoire pourrait s’arrêter là, pourtant, la deuxième guerre mondiale le rattrape. Réformé, il est dans la résistance. Au moment de la libération de Montceau, un matin, malade, il ne peut participer à un coup de main prévu par les maquisards. Il habite le premier étage d’une maison qui fait l’angle d’une place sur laquelle débouchent quatre rues. Tout à coup, dans la rue montante à gauche de sa maison, il voit arriver les allemands. Il sait que ses amis ont prévu de passer par l’autre rue. Il fonce à la fenêtre et par signes, les prévient. Ils se replient. Le lendemain matin, toujours malade, il n’est pas allé travailler. Un commando allemand débarque chez lui. Il a été dénoncé par un collabo qui habite en face. Avant de monter, ils ont aligné une dizaine d’otages le long du mur. Ils font sortir ma tante et ses enfants. L’officier allemand lui tire une balle dans la nuque. Les soldats l’installent dans sa chaise longue, mettent du linge à ses pieds, arrosent le tout d’essence et mettent le feu. Peu après, la maison flambe. En partant, les allemands libèrent les otages. Un voisin s’élance dans les flammes et réussi à sortir le corps.
La rue où il habitait porte son nom.