tirailleur

Poèmes et sculpture de Cyrille Bosc

En cette journée internationale de la poésie voici plusieurs poèmes sur 14-18

La perplexité du tirailleur

La perspective du tir
Tiraille de l’intérieur
Le type tout droit
Qui veille à l’extérieur.

Des tics lui dictent
De se tenir droit.

L’éthique du supérieur
C’est la trique et
Le pied au postérieur.

Tout ça le serre
Du plexus au fond
Du cœur

Car en plus il a peur.

Il est perplexe, le tirailleur…

http://cyrilleboscsculpteur.blogspot.fr/


Tchin- tchin 

A ta santé bon papa !
C’est comme ça qu’on t’appelait
Même si tu ne l’étais pas !

A ta santé bon papa !
 
Aujourd‘hui regardant ton portrait
Dans les tranchées.
On savait vivre
En ce temps là ! 

Ça fait cent ans
Tu te rends compte
Bon papa ? 

Et t’es toujours là,
Accroché au mur
A l’abri des shrapnells,
Beau comme un bourgeois  

Que tu n’étais pas ! 

A Verdun t’étais !
A dire vrai,
Je ne suis pas ! 

Tu fumais la pipe !
J’ai essayé,
C’est fini ce temps là ! 

Tu cuisinais comme un dieu,
Je fais du rata…
Tu te rappelles ? 

Ça devait te faire du tracas ! 

Bon anniversaire quand même
Pour ce que tu as fait là ! 

Ça vaut bien 

Un coup 

De tafia !


Poilus   

Obtus,
Pointus,
Obus nous sommes ! 

Poilus,
Artois, maladroits
Verduns et envers soi
Nous sommes ! 

Et l’on nous somme
D’être
Polis, policés
Lissés en somme !  

Alors qu’obliques
Obligés
Laconiques et compliqués
Simples soldats… 

De la vie
Nous sommes… 

Retranchés… 

Sur nos buts. 

Vivants.         


Cimetières 

Ah !
Pauvres perdus,
Dans la foule vendue
Aux offrandes vulgaires
Nous voguons. 

Ah !
Défendus,
Vulgate ordinaire,
Dans l’absence convenue
Des affronts. 

Oh !
Au front de nos vues
Les cours imprévus
De ceux qui font,
Comme bien entendu
Que nous mourrons. 

Eh !
Et nous mourons,
Pauvres perdus,
C’est entendu,

Sur les os
De ceux que nous n’avons pas
Défendus.